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Chèr.e Toi

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Chèr.e Toi,

Toi,
Dont l’esprit flotte à la dérive,
incapable de prendre une décision.

Toi,
Dont la vie vient d’être bouleversée,
et dont le sens a disparu.

Toi,
Dont la douleur tords tes entrailles,
et pour qui rien n’a plus d’importance.

Toi,
Pour qui la solitude est insupportable,
Même en étant entouré.e.

Toi,
Dont les émotions sont tellement intenses
Que la tristesse et la colère se sont fondues.

Toi,
Qui ne sait ni ce qui t’aiderait, ni quand, ni comment,
Et qui ne sait donc rien demander, ni à qui.

Toi,
Qui ne sait pas comment garder la tête hors de l’eau,
Ni comment sombrer, t’abandonner, te reposer…

Chèr.e Toi,
J’aimerais te dire que je suis là.
J’aimerais te dire que je ne te juge pas.
Que c’est ok de vivre ça.
Que c’est ok d’avoir envie d’en finir avec ça.
Que c’est ok de pas savoir ce que tu vas faire avec ça.

J’aimerais être à tes côtés,
T’entourer de mes bras,
Caresser tes cheveux,
Te parler tout bas,
Te tenir si fort, que tu te sentes en sécurité,
Et te permettre de t’effondrer. Enfin.
Et y rester le temps qu’il faudra.

J’aimerais débarquer dans ton quotidien.
Faire à manger, même si tu ne manges pas.
Faire la vaisselle, rire de ton chat.
Regarder des films improbables à s’en liquéfier le cerveau.
Te donner des assiettes, et que tu les fracasses.
Te faire crier des injures à pleine voix.

Et si ça ne te ressemble pas de faire des éclats,
je te mettrai des crayons entre les doigts.
Pour que tu puisses exprimer ta colère. Discrètement. Mais l’exprimer quand même.
La mettre en dehors de toi.

Exprimer ta tristesse.
Discrètement, mais l’exprimer quand même, et la mettre en dehors de toi.

D’ailleurs, je dessinerai sûrement avec toi. En moi aussi, il y a ça.

Et quand tu en auras marre qu’on s’intéresse à toi,
Je te parlerai de mes galères.
De ma propre tristesse et des colères qui me prennent.
Celles qui m’emportent, et celles qui me laissent sur le carreau.
Je te parlerai de comment je vis avec ça.

Je te parlerai de belles choses, aussi, même si tu ne les entends pas.
Te dire que le monde continue de tourner, même depuis que tu t’es arrêté.e.
Et qu’il est toujours là, bras ouverts,
prêt à t’accueillir au moment où tu le voudras.

Voilà,

Chèr.e Toi,
Si tu te sens seul.e,
Si tu aimerais être aidé.e,
mais que tu ne sais pas en quoi,
Voici quelques idées.

De mon côté, Je t’envoie de la Douceur, de la Compassion, de l’Amour.

Texte de Emmanuelle Lagrange
Image de Charlie Mackesy

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