Plusieurs alternatives existent quant à l’appréhension de l’équitation. Soit se satisfait-t-on du seul contact avec le cheval dans un esprit de décontraction et de loisir. Sans doute, la majorité des cavaliers apprécient-ils cette discipline de cette manière somme toute intéressante.
Mais l’équitation s’avère également une ouverture de chemin, une voie d’introspection, l’exploration de notre intériorité avec ses faiblesses et la révélation de ses puissances. Car le cheval reflète notre Etre. Et il n’est que de regarder un cavalier pour révéler les traits de sa personnalité, de son caractère. Par son silence et sa patience, le cheval s’affirme en enseignant discret, permettant aux cavaliers de prendre conscience de leurs faiblesses, de leurs forces, de leurs lacunes et ainsi de les corriger avec tempérance.
Mais en portant le regard plus loin, nous constatons que la pratique de l’équitation exacerbe tout nos sens primaires et secondaires. Le son des sabots ponctue l’espace temps tel un métronome. Assis sur le dos du cheval, nous prenons de la hauteur et changeons la portée de notre regard. Les pieds qui ne touchent plus le sol nous imposent un lâcher-prise et questionnent nos peurs et nos angoisses. Le mental, ne sachant faire qu’une chose à la fois, cesse toute conceptualisation car il se voit ainsi sollicité dans une gestion qui alterne craintes et plaisirs. Ainsi se révèle la conscience de l’instant présent.
Et puis, par l’étude du langage inter espèce entre l’homme et le cheval, par l’acquisition progressive du sentiment d’équilibre, de la démystification des allures, nous entrons dans un chemin d’éveil. Car par la compréhension de la nature et du langage du cheval, nous apprenons au-delà à communiquer avec les éléments de la temporalité sensible et consciente. Puis peu à peu, se dessine la porte du château intérieur recelant les mystères de l’existence. Nous disposons alors du choix de demeurer sur le chemin ou de frapper à la porte. Progressivement, le cheval nous guide ainsi sur cette voie jalonnée de ronces qui incarnent la multiplicité des turpitudes de notre existence misérable. Et au bout de ce périple, nous découvrons la source de toute vie qui unit tous les Êtres. Car au final, tout est unité et toute chose doit son existence à la force primordiale qui ne peut se révéler que par l’éveil de la conscience par l’expérience.
Et l’équitation en représente une voie majeure d’enseignement et de révélation guidé en cela par la plus noble conquête de l’homme.
Comprenne qui pourra …
Francis STUCK, spécialiste en langage équestre, est l’auteur de ce texte.
Crédit photo : Photographe équestre Simple-illusion.com – Les Chevaux Célestes
Il a fondé le conservatoire des Arts et Cultures Equestres